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Au pays du Soleil Levant

[…] Je me lie rapidement d’amitié avec Konni, l’Allemande. Elle a 27 ans, mais en paraît dix de moins, tant sur le plan physique que mental. Je me demande pourquoi elle est venue au Japon, car elle reste cloîtrée dans la chambre enfouie sous sa couette, devant son ordinateur. Je ne tarde pas à l’appeler « madame Tarot ». Ses passe-temps préférés étant d’éplucher les horoscopes, de tirer les cartes de la bonne fortune, et d’analyser des relations possibles avec ses ex-copains, dont elle espionne tous les faits et gestes sur Facebook. À bientôt 30 ans, son unique ambition est de se marier avec un homme riche et de se faire entretenir. Je suppose qu’elle ne s’est jamais remise du décalage horaire, car elle dort la journée et vit la nuit. Souvent, je l’entends pianoter fiévreusement sur son clavier jusqu’à trois ou quatre heures du matin, et ce bruit insupportable m’empêche de fermer l’œil de la nuit.

Un matin, alors qu’elle part acheter son petit déjeuner (des sushis) à la supérette du coin, elle revient, l’air penaud, escortée par des policiers. Son attitude avait parut suspecte à ces derniers, tout simplement parce qu’elle était sortie sous la pluie sans parapluie et qu’elle dissimulait son visage dans son manteau pour le protéger des gouttes d’eau.
Rapidement, les policiers la remarquent et l’arrêtent, car elle n’a pas son passeport sur elle.

– C’est que… je suis juste sortie faire des courses !
– Sans parapluie ?
– Mais je réside à la guest-house au coin de la rue… Je n’allais pas m’encombrer d’un parapluie pour une petite averse.
– Permettez-nous de vous raccompagner à votre hôtel pour vérifier la validité de votre visa.

Ah… Qu’ils n’ont pas fière allure lorsqu’elle leur tend fièrement son passeport. Ils se confondent en excuses à l’aide de courbettes, et s’empressent de la reconduire en voiture, au supermarché qui se trouve à deux blocs de là. Notre manager s’amuse de la situation en accentuant l’embarras de ses interlocuteurs.

– Non mais… tout de même ! Arrêter une touriste parce qu’elle n’a pas de parapluie un jour de pluie. Franchement, Messieurs ! Et puis, vous me faites de la mauvaise publicité là, avec la voiture stationnée devant mon hôtel !

Dès lors, Konni ne sortira plus jamais sans parapluie les jours d’averses. Elle qui ne sortait déjà pas beaucoup auparavant, après cet incident, elle osera encore moins mettre un pied dehors, si ce n’est pour acheter ses sushis ou s’enquérir de sa fortune au temple d’Asakusa. Comme pour se justifier, elle me répète souvent :

– Ils sont fous ces Japonais… Ils sont fous ! […]

Une Réponse

  1. Ron.

    Avis aux lecteurs qui auront comme moi la chance de lire ce roman : vous allez vraiment avoir envie de parcourir le monde! Les anecdotes croustillantes qui parsèment le récit sont drôles et engendrent de nombreux rebondissements.
    Lise Marie régale tout le monde, car il y en a pour tous les goûts!
    Vivement le deuxième livre! Bravo!

    avril 21, 2011 à 5:00

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