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Le « Koh Lanta » chilien

[…] À peine on quitte le camp que le chemin commence à grimper, et c’est comme ça pendant trois longues heures. Je boude devant cette ascension sans fin, et Greissy n’est pas pour m’encourager.

 –  Aujourd’hui, on doit franchir un col avec un dénivelé de plus de 800 mètres d’altitude.

 Elle termine tout juste sa phrase, que j’aperçois le col que l’on doit passer. Il s’agit d’un tas de cailloux sans fin. En pleine montée, je n’ai plus d’énergie. Le vent rugit, mais j’implore Greissy de faire une pause pour que je puisse grignoter un petit quelque chose. Sur un tas de cailloux, exposée aux rafales de vent, je savoure ma barre de chocolat. Ce n’est pas un Mars, mais « c’est reparti ! ».

 J’apprécie de partager cette aventure avec la petite Brésilienne, car même si nous marchons à une bonne allure, nous prenons le temps de nous arrêter pour admirer et photographier le magnifique paysage. Après avoir enduré cette ascension rendue difficile par le poids de nos sacs et le rugissement du vent qui voulait nous emporter au loin, nous parvenons enfin au sommet. Nous découvrons alors un glacier gigantesque. À nos pieds, s’étant un lac de glace qui se confond avec la brume blanche qui couvre le ciel et les neiges éternelles, manteaux blancs des montagnes. Au début, je pense qu’il s’agit de la rivière sinueuse qui serpente le parc. Les craquelures de la glace, cendrée par la poussière qui s’accumule à sa surface, pouvant être facilement prises pour des vagues. Cependant près de la rive, quelques blocs de glace ont éclaté et dévoilent la pureté du bleu banquise, si propre aux glaciers. Ce lac impétueux se niche dans la vallée, encastré parmi toutes les montagnes. Le panorama blanc est incroyable de grandeur et de beauté : je me sens minuscule.  Mon regard se perd à l’horizon qui semble s’étendre à l’infini.

 Puis après la montée, il y a la descente. Au début, c’est facile et même agréable. Mais nous pénétrons dans un bois où le sentier (en pente descendante) cache… des centaines de marches gigantesques. La descente est pénible pour mes genoux. Au cœur de cette forêt boisée, un escalier renommé par mes soins « le colimaçon de l’agonie », se déploie sous nos pas : des marches, des marches et encore des marches. Nous descendons encore et toujours plus bas, et après une heure et demie, j’en viens à me demander si cette spirale de l’enfer ne conduirait pas jusqu’aux entrailles de la Terre. Je sens que je puise dans mes réserves de graisse personnelle accumulée ces dix dernières années. Vraiment, à ce rythme-là je vais maigrir, car on a beau manger que des cochonneries, on en mange des portions réduites. Je transpire à grosses gouttes dans le dos à cause de mon sac, et j’ai tour à tour chaud puis froid. Bientôt je délire. La faucheuse, maîtresse des lieux, insuffle la vie à cet escalier et aux arbres ; les marches se dérobent sous mes pas et les troncs feuillus, créatures nuisibles, tentent de me capturer avec leurs mains de bois. […]

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